Le soleil avait pointé le bout de son nez lorsque la brune s’était levée. Aujourd’hui, elle ne travaillait pas et en était pour le moins ravie. Elle avait réussis à poser un jour de congé où elle voulait et supposait que ses charmes avaient joués dans cette décision. Ses yeux de biches, elle savait s’en servir. Elle n’était pas honnête. Pas du tout même. Mais elle avait bien appris qu’un physique était fait pour être utilisé. Du moins, lorsqu’on le pouvait. Il était clair que pour certaines personnes, l’utiliser leur serait plutôt défavorable. Decy s’était levé du bon pied, et le début de mois arrivant, elle avait reçu il y a de cela quelques jours son salaire. De quoi faire les boutiques, ce qui la contentait au plus haut point.

Après être passé un long moment dans la salle de bain, la jeune femme en était sortie les cheveux lissés, le visage légèrement maquillé et une tenue qui, pour elle, restait banale lors de ses jours de congés. Certains aiment sortir en jogging, December elle, privilégiait les jupes et les robes. Après tout, les collants et les vestes n’avaient pas été inventés pour rien. Et comme elle pouvait se le permettre, elle se le permettait. Attrapant son sac au passage, elle était sortie de chez elle, enfilant une écharpe autour de son cou.

Dévalant les marches de son immeuble, elle était sortie, concentré en pianotant sur son téléphone. Le seul inconvénient de prendre un jour de congé en milieu de semaine était bien qu’aucune de ses amies n’étaient libre. Elle avait bien une ou deux personnes de son entourage qui ne fichait rien de leur vie, mais se montrer en leur présence n’était pas une très bonne idée selon la brune. Une image, dans une si petite ville, ça se construit. Et elle ne laisserait personne la détruire.

Après plusieurs refus, elle avait finis par ranger son téléphone dans son sac à main et à entrer dans une de ses boutiques préférées. Chère, certes, au delà de ses moyens, très certainement. Mais la qualité et l’esthétisme des produits en auraient fait rêver plus d’un. Si seulement son petit ami avait pu engager une réelle carrière dans la musique, elle aurait certainement eu plus d’intérêt pour lui. Lorsqu’elle l’avait rencontré, il était sur le devant de la scène. Aujourd’hui, il s’enterrait. Et si cette relation ne rendait pas jaloux son ex copain, December aurait surement quitté le guitariste plus tôt.

Mais là n’était pas la question. Il n’était pas encombrant pour le moment, elle règlerait cette histoire plus tard. D’autant plus qu’à ce moment là, elle ne voulait penser qu’à une seule chose. Le shopping. Et ces magnifiques bottines fourrées à talon compensé qui venait de se présenter sous ses yeux tel le saint Graal. D’un pas rapide et agile, je me faufilais entre les quelques personnes. Au moment où mes doigts se refermèrent sur la bottine, une autre main m’empêcha de les récupérer. Agacée, presque énervée, December resserra sa prise, refusant de lâcher le morceau.

- La vendeuse doit en avoir d’autre en réserve, je vous laisse allez lui demander, regardez, elle est juste là bas.

Les yeux de la brune remontèrent le long du bras de l’inconnu, jusqu’à se poser sur un visage familier. Un visage qui ne l’enchantait que très peu. Et qui l’étonnait légèrement. Finalement, elle pensait seulement venir faire du shopping. Mais, le destin avait choisis de mettre de quoi s’amuser sur son chemin.

- Tiens. Daphnée c’est ça ? Certainement, ce prénom m’avait marqué. Tes parents ne devaient pas beaucoup t’apprécier. M’enfin.

Un soupir s’échappa de ses lèvres avant qu’elle reprenne.

- Ton petit budget de serveuse te permet de telles folies ? Tu dois avoir du mal à finir le mois après ça. Abstient toi, c’est surement plus sage. D’autant que ce genre de bottines ne vont qu’aux personnes avec des jambes et des chevilles… Un minimum fines. Ce qui n’est pas ton cas, mais chacun à ses petits défauts. Enfin certains en ont plus que d’autres. Mais l’affaire est réglé, tu devrais peut être aller acheter des baskets, beaucoup plus pratique pour t’améliorer dans ton service qui reste… Disons le assez pittoresque.

December, imperturbable, continua de fixer la jeune femme aux cheveux de feu en face d'elle. Un petit sourire amusé en coin, elle détaillait son visage sans la moindre gène. Pour autant, ses doigts restaient figé contre le cuir des bottines. Elle ne se laissait nullement distraire et elle ne relâcherait son étreinte que lorsque les doigts de sa concurrente se seraient ôté de ses bottes. Devant une personne lambda, Decy n'aurait jamais lâché l'affaire. Devant Daphné, elle comptait encore moins se laisser faire. Il aurait pu s'agir de tongue rose à fleur, elle n'en aurait pas démordu. Et puis, cela la distrayait un peu. Elle s'amusait, faisait passer le temps. Le temps, elle n'en manquait pas aujourd'hui. Elle n'en manquait d'ailleurs que très peu. Elle était donc prête à rester campé sur ses positions pendant un petit moment. L'après midi s'il le fallait. De plus, ce vif échange l'amusait au plus haut point.

Son petit sourire en coin s'élargit légèrement en entendant les propos de la rousse. La théorie du transfert, plutôt original. Niveau CE2. C'était du tout cuit. Répondre par la même attaque. Prenant un air faussement compatissant, December posa sa voix, en faisant une légère moue.

- C'est de l'originalité, mais forcément, quand on est psychorigide, on a du mal à voir ce genre de chose. Et puis c'est assez classe, selon les retours que j'ai eu. Mais je ne t'en veux pas, on voit bien au premier abord que tout ce qui touche à la classe...

December laissa ses mots en suspens quelques secondes, le temps de la détailler de la tête au pied. Elle fit ensuite une nouvelle moue en haussant les épaules.

- Ce n'est pas franchement ton point fort.

La brune soupira légèrement, continuant de fixer sa piètre concurrente. C'était presque trop facile. Elle espérait qu'elle lâche rapidement les bottines. Cette joute verbale s’apparentait plus à une perte de temps qu'à autre chose. Sauf si la petite serveuse cachait quelques ressources, ce qui aurait grandement étonnée December. Ce genre de personne sont expert dans l'art de faire par derrière. Parler, agir. Jamais devant. C'était bien dommage.

- Tu m'excuseras, mais la parfumerie est tout de même bien plus classe qu'un vulgaire fast food. Mais on trouve ce qui nous correspond le mieux après tout. Il faut de tout pour faire un monde. Et je suis bien d'accord avec toi, ne reste pas serveuse toute ta vie, de toute manière tes piètres performances te feront viré bien rapidement. Difficile de trouver un autre boulot quand on n'est pas capable de servir deux ou trois clients.

L'une de ses commissures de lèvres se releva dans un rictus moqueur et amusé.

- Dis moi, mon travail, ma vie sentimentale... Tu connais des tas de choses sur moi. Je ne savais pas que je t'obsédais autant. C'est presque flatteur. Je m'excuse, contrairement à toi, je ne connais pas grand chose de ta vie. Il faut dire que j'ai d'autre choses à faire, moi. Mais si ma vie te passionne autant, je pourrais te raconter des tas de choses. Tu vivras au moins par délégation. C'est déjà pas mal, difficile de voir mieux.