Ce que j'ai sur moi Dissimulée dans la poche intérieure de sa veste favorite, la clé de la maison de sa grand-mère est le seul objet auquel elle tient réellement. Lors de son déménagement, sept ans plus tôt, Victoria le lui avait donné. Une sorte d’échappatoire. Une manière de lui montrer qu'elle serait toujours la bienvenue. La promesse de pouvoir quitter Blackwood si les choses devenaient trop difficiles. Stéphanie l'a gardé précieusement toutes ces années, aujourd'hui encore, elle ne s'en sépare jamais. Pourtant, Victoria est décédée. Ses parents sont maintenant propriétaire de cette maisonnée, mais ils ne savent pas que leur fille possède également la clé. Elle, elle la garde un peu comme un bijou souvenir, pour se rappeler cet être doux et apaisant qu'était sa grand-mère. Peut-être aussi, car c'est une manière de lui rappeler qu'il y a autre chose que Blackwood. Qu'elle peut rater ici et recommencer ailleurs si bon lui semble.
Ce qui fait de lui un être à part Stéphanie n'est pas douée. Elle n'a aucune aptitude particulière et c'est uniquement de sa faute. Elle a horreur d'étudier, de travailler. Elle n'est pas ambitieuse ou téméraire. Très attachée à son petit confort, rester à la maison, flâner en ville, sont des activités qu'elle apprécie particulièrement. Même si elle ne le remarque pas, elle est pourtant dotée d'un esprit très imaginatif. Ce côté créatif ressort dans ses écrits. Car oui, la jeune femme adore écrire, comme elle adore lire. Deux passions que seule Victoria connaissait. Elle n'en parle pas à son entourage, comme si elle aimait qu'on la voie comme une incapable.
Ses maigres connaissances en médecine sont dues à sa passion pour les séries médicales, mais aussi à ses quelques mois d'université. Stéphanie a brièvement entamé des études supérieures, à ce moment-là, elle avait décidé de devenir infirmière.
Faits divers Le feu, la glace. Ses parents étaient de parfaits opposés. Ils s'aimaient passionnément. Avant. Stéphanie n'a que très peu de souvenirs d'eux deux. Ils ont divorcés quand elle avait six ans et depuis, elle ne voit que rarement son père. Celui qui était censé lui montrer le droit chemin se contente de l'appeler pour son anniversaire. Elle a horreur de lui parce qu'il l'a complètement abandonnée.
Stéphanie a très mal vécu le divorce de ses parents. Elle n'a rien montré. Un sourire glacial qui cachait bien des blessures. Une envie de crier au monde son mal-être, mais ne pas le faire. Stéphanie est incapable de finir ce qu'elle commence. A quoi bon ? Comme l'amour de ses parents, rien ne dure.
Le seul être à qui elle contait ses malheurs était son chat; Milou. Depuis qu'elle a connu l'amour des animaux domestiques, elle ne peut plus s'en passer. Malheureusement, sa mère, elle, n'aime pas les animaux. Stéphanie a malgré tout adopté un rat.
Elle n'a jamais été doué pour étudier. Elle n'a jamais eu de motivation. Elle n'a jamais su ce qu'elle voulait faire "plus tard".
Stéphanie a toujours eu beaucoup d'amis. Elle les attirait avec son sourire et son charisme déjà bien présent à l'adolescence. Ils se laissaient charmer. Si facilement. Une idée folle lui vint à l'esprit, pourquoi ne pas donner vie à ses envies les plus profondes ? C'est ainsi qu'elle devint la fille d'un célèbre journaliste de mode qui parcourait le monde pour ses reportages. Il était fier de sa fille et chaque mois, lui ramenait le plus beau des cadeaux. Un jour, elle possédait des chevaux, le lendemain, ils se transformaient en chiens. Tout a commencé comme ça, quelques petits mensonges qui rendaient sa vie plus attrayante. Puis, les mensonges ont grandis, tout comme elle.
Elle a déménagée à Blackwood à l'âge de quinze ans. Elle n'était pas vraiment heureuse. Mais pas malheureuse non plus. Stéphanie se laissait déjà porter par la vie à cette époque. Elle abandonna ses amis sans trop de regrets. Laissant les souvenirs qui la rongeaient dans cette vieille bâtisse. Ce déménagement était synonyme d'opportunités. Plus de mensonges. Plus d'invention. Se concentrer sur ses études. Ces belles résolutions s'envolèrent dès que son avion atterrit.
Stéphanie a passé quelques mois à l'université, plus par obligation que par réelle envie. Elle a choisi le premier cursus qui pouvait lui correspondre. Infirmière, car elle n'était pas assez bosseuse pour même seulement envisager de devenir médecin.
Elle a profité d'une dispute avec sa mère pour tout arrêter. Rejetant la faute sur Elise. En fait, elle avait déjà raté énormément de cours et n'arrivait plus à suivre. Elle aurait pu se battre. Elle aurait pu réussir. Mais elle n'en avait pas la force.
Elle a rencontré Tristan peu de temps après. Il était beau, il était brillant. Alors, elle s'est inventée un nouveau passé. Elle a replongé dans le mensonge. Elle lui a dit qu'elle avait été battue par son père et que c'était pour cela que sa mère avait divorcé. Elle lui avait raconté qu'elle se sentait coupable. Que depuis ce temps-là, elle se sentait incapable. Elle était fragile, c'était ce qui avait plu à Tristan. Il était tombé amoureux. Elle aussi.
Après trois ans sans activité aucune, Stéphanie commença à se faire critiquer. Aussi bien par Tristan que par sa mère, qui en avait marre d'aller travailler pendant qu'elle restait allongée sur le canapé. Tristan voulait entrevoir un avenir avec elle. Mais ils ne tiendraient jamais le coup avec son seul salaire. Stéphanie comprenait la logique, mais ça ne lui donnait pas la motivation pour autant. Une nouvelle dispute éclata avec sa mère. Plus grande que les autres. Sans même réaliser ce qui sortait de sa bouche, la rouquine hurla
"Je suis enceinte". Une nouvelle excuse. Un nouveau mensonge pour continuer sa vie sans qu'on l'embête. Elle n'avait pas pensé aux conséquences, elle n'avait pensé à rien.
Elle fût bien obligée d'annoncer la fausse nouvelle à Tristan. Il réagit bien. Du moins en apparence, car après cette annonce, il disparut. Il fut introuvable. Max, son meilleur ami qui s'était fait un devoir de protéger Stéphanie durant son absence, était persuadé qu'il allait revenir, qu'il était seulement effrayé par la nouvelle. La jeune femme, elle, était convaincue qu'il avait disparu comme certains villageois et qu'elle ne le reverrait jamais. C'était peut-être mieux ainsi.
Son frère, Caleb, est arrivé depuis peu en ville. Il ne lui adresse pas la parole, mais Stéphanie peut se montrer acharnée pour certaines choses et elle compte bien régler cette histoire. Elle aime son frère et meurt d'envie de découvrir cette jeune femme avec qui il passe tout son temps.