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Il ne fait pas beau tous les soirs et présentement, tu en paies le prix. Toi qui voulait seulement aller te dégourdir les pattes, te voilà pris à courir pour t'abriter. Ce n'est pas de la pluie qui tombe, mais bien de grandes rafales d'eau. Des cascades, comme certaines personnes pourraient appeler le tout. Et en plus, puisqu'il fait très sombre, tu n'y vois presque rien. Une chance pour toi que tu avais apporté un manteau, mais sans parapluie, c'est presque impossible de fonctionner correctement. Tu dois arrêter à tous les quatre pas que tu fais, uniquement pour être certain de ne pas avoir dépassé ton domicile. Ce que tu détestes par-dessus tout, c'est devoir courir de la sorte et ne croiser personne. Si au moins quelqu'un aurait eu la gentillesse de te croiser et de t'aider, en te prêtant un deuxième parapluie, par exemple, les choses auraient été bien plus simple pour toi. Quoi qu'il soit, après plus de quinze minutes de marches, tu finis par arriver chez toi, essoufflé. Mais impossible d'entrer, puisque quelqu'un, de dos, est devant ta porte d'entrée. Enfin, c'est ce que tu crois, tu ne serais dire. Il y a une forme devant ta porte, cachant la totalité de cette dernière et t'empêches donc de pouvoir continuer pour t'abriter correctement.

Pendant quelques secondes, tu t'arrêtes de marcher, contemplant cette forme, te demandant de qui, ou de quoi, il s'agit. Rien ne se passe, tout est silencieux, mais tu es certain que cette ''chose'' ne doit pas se trouver là. De plus, elle n'est pas bien placé pour s'abriter de la pluie, ce n'est donc pas pour cette raison qu'elle reste debout, le dos tourné, toujours dans un silence total et paralysant. Devrais-tu aller chercher un voisin pour t'aider ou bien, aller voir de quoi il s'agit ? Si c'est une personne indésirable, un voisin serait le bienvenue. Par contre, s'il s'agit d'une simple branche d'arbre et de ton imagination beaucoup plus que fertile, tu te sentiras ridicule.

Se faire surprendre par de la pluie, quoi de plus anodin comme épisode de vie. Sidney croyait que cette averse serait passagère, du genre qui s'arrête après quinze minutes. Grave erreur. Elle portait son manteau pour se couvrir, le capuchon relevé sur sa tête pour tenter de se protéger. L'eau semblait vouloir pénétrer de tous les côtés, c'était réellement désagréable. Des gouttes lui coulaient dans le cou, sur le visage et même dans ses petites bottes. À force de mettre le pied dans de nombreuses flaques d'eau, normal qu'ils ne soient plus secs. C'était une tempête, quoi d'autre! Une saleté de tempête de pluie comme elle n'avait pas vu depuis longtemps. Agacée, elle tenta d’apercevoir quelqu'un sur sa route. Rien. Évidemment, quel manque de chance! En même temps, elle ne pouvait pas blâmer les gens de vouloir rester confortablement chez eux, loin de la pluie. La brunette soupira tout en tentant de mettre un pied devant l'autre sans glisser par terre. C'est pas possible merde, elle serait complètement douchée une fois chez elle. Parlant de ça, où était-elle? Forcée de relever le menton, Sidney plissa les yeux afin de mieux observer ce qui l'entourait. Fausse alerte, ce n'était pas encore sa rue. Fatiguée, elle fit l'effort ultime de courir un peu pour accélérer les choses. Elle qui était nulle en sport, elle sentit tout de suite son cardio de mamie lui hurler de se calmer. Un peu de pluie ne la tuerait pas, non? Et merde, courir c'était vraiment difficile! Pourquoi les gens aimaient le jogging? Non vraiment, elle ne comprenait pas. Bordel que c'était chiant. Elle sentait déjà ses pieds la faire souffrir et son souffle qui s'étouffait à travers sa gorge. Au diable la course, elle finit par ralentir avant de s'échouer définitivement dans la rue, ce qui n'était pas très invitant comme image. Pliée en deux, la jeune femme reprit son air, avant de vérifier à nouveau sa progression. Ça y est! Elle reconnaissait enfin le coin. Bonne nouvelle, elle arrivait chez elle. D'un pas prudent, elle traversa la rue, s'approchant doucement de son appartement. Elle songea aux vêtements secs qui l'attendaient et au bon chocolat chaud qu'elle pourrait se préparer devant un bon film à la télé. Le rêve oui.

Tout à coup, Sidney se figea sur place, son regard fixé sur la porte de son appartement. Qu'est-ce que...non. Impossible. Elle hallucinait oui voilà. Son imagination fertile refit brutalement surface, nourrissant la peureuse en elle. Ah non pitié. Pas encore! Elle frissonna sur place, incapable de décoller ses yeux de la porte. Quelqu'un...ou alors quelque chose bloquait l'entrée. Non, sans blague! Elle ne mentait pas, il y avait vraiment un truc de pas normal du tout! Sur ses gardes, elle recula d'un pas, question de mieux voir dans l'ensemble. Une ombre, une personne? Qui sait! « Allo!? » Pas de réponse. Le silence de mort, question de la faire paniquer encore plus. Dieu qu'elle faisait sa trouillarde en ce moment, elle en était elle-même découragée. « Il y a quelqu'un!? C'est chez moi! » Difficile de dire à qui elle s'adressait. À sa porte, oui voilà, elle parlait à la porte. Parce que visiblement, l'absence de réponse voulait dire que... Que. C'était pas humain? Oh bordel! Encore plus effrayée maintenant, la brunette se dirigea vers une autre porte pour alerter un voisin. Elle frappa un coup. Puis deux coups. Rien. Jamais personne quand on avait besoin d'aide oui! Il devait bien y avoir un voisin ou une voisine qui l’entendraient malgré le déluge de pluie. Incapable de s'arrêter, Sidney attaqua une seconde porte. « S'il vous plait!! J'ai besoin de votre aide!! » Elle patienta quelques secondes, avant de tomber face à face avec une jeune femme d'environ son âge. Un peu surprise, elle mit un temps avant d'ouvrir la bouche à nouveau. « Je...pardon de déranger, je m'appelle Sidney et... » Et il y a probablement une créature monstrueuse devant la porte de mon appartement et je suis terrifiée à l'idée de me faire dévorer ou pire encore, tuée sans que personne n'en soit témoin? « ...et j'ai un problème avec mon appartement, je me demandais si quelqu'un pouvait me donner un coup de main, car il semble y avoir quelque chose qui bloque ma porte d'entré...avec cette pluie, on ne voit pas très bien mais je... je ne veux pas être seule si jamais... » Oui bon okay, elle avait l'air un peu d'une folle, mais elle faisait tout son possible pour s'expliquer à cette inconnue. Elle croisait juste les doigts pour que celle-ci ne lui referme pas la porte au nez. Prenant un petit air suppliant, Sidney guetta sa réponse. C'était une fille elle aussi, elle pourrait donc comprendre ses inquiétudes non?

L’eau coule sur ma peau. Elle est chaude et douce. Je me délecte de cette incroyable sensation de bien-être. Je viens de rentrer d’une dure journée de labeur au restaurant et j’ai en plus de ça prit une fantastique averse sur la tête. Trempée jusqu’aux os et les cheveux ruinés par ces torrents qui me tombaient dessus, j’ai sauté dans ma douche à peine rentrée pour ne pas tomber malade de cette infâme crève. J’ai à peine le temps de sortir et d’enrouler une serviette autour de ma poitrine qu’on sonne à ma porte. « Mais qui c’est bordel… ? Nova t’a les clés, bon sang… » Maugrée-je toute seule. Cela sonne une seconde fois et je me décide à aller voir qui cela peut bien être. En serviette ? Oui oui. Je prends juste le temps de m’attacher les cheveux en une queue de cheval rapide pour éviter qu’ils ne me collent au visage.
J’arrive donc derrière la porte, j’ôte les verrous et j’entre-ouvre pour voir juste devant moi ma jolie voisine se tenir là, trempée elle aussi mais vêtue elle au moins. Un petit sourire en coin, j’ai conscience de n’être que légèrement affairée. J’ouvre un peu plus grand la porte et lui demande ce qu’elle fait là mouillée comme un petit chaton. Elle balbutie tellement que je n’arrive pas à comprendre le moindre mot de ce qu’elle me raconte. « Ola ola… Calmes toi voyons. Je ne pige rien à ce que tu racontes. Tu veux que je t’aide à ouvrir ta porte ? Je ne suis pas serrurière tu le sais bien… » On se connait plutôt bien. Sans être foncièrement amies, on se croise souvent, échange sur nos travaux respectifs et sur notre vie quelque peu monotone. La belle asiatique me fait tellement de peine et semble tellement apeurée que je lui dis finalement : « Bon, attends deux minutes, entre si tu veux, je vais m’habiller. » Je lui laisse la porte ouverte, je file dans la salle de bain où m’attendent mes vêtements secs et je la retrouve sur le pas de la porte d’où elle n’a pas bougé. Je prends un parapluie histoire de nous couvrir un tant soit peu et je sors sur le palier pour effectivement me rendre compte du pourquoi de son comportement étrange. Une ombre étrange se tient là sous la pluie, à moitié plantée devant sa porte et sur son paillasson sans bouger. Ni une, ni deux, j’attrape la batte de baseball qui se trouve dans le placard de l’entrée, je tends le parapluie à la belle toute mouillée et je m’adresse au type chelou d’un ton haut, clair et vindicatif : « Hey vous là ! Vous n’voyez pas que vous gênez le passage ? Mon amie aimerait rentrer chez elle et vous n’êtes pas invités ! Alors si vous n’avez rien à dire, vous seriez bien aimable de nous débarrasser le planché ! Comprende ?! » Allez savoir pourquoi je lâche cette interjection espagnole à la fin… Mais toujours est-il que je reste à distance, la batte à la main et ma voisine collée à moi dans mon dos.

Évidemment, déranger des voisins uniquement parce qu'elle croyait qu'un truc bizarre bloquait la porte de son appartement, cela semblait pratiquement exagéré. Elle n'était pas folle, elle croyait simplement que c'était moins risquée de demander un peu d'aide au lieu de se précipiter chez elle et de ne pas savoir quoi faire une fois face à face avec l'ombre, la chose ou peu importe de quoi il s'agissait. En vérité, elle n'avait aucun plan en tête. Le déluge de pluie commençait fortement à l'agacer, malgré son manteau et le capuchon qui recouvrait sa tête. Elle espérait donc qu'avec l'aide d'un voisin, le problème serait plus rapidement réglé. Peut-être que ce n'était rien, qui sait. On allait sans doute lui dire qu'elle imaginait tout ça. Bref, quoi qu'il en soit, sa décision était prise. Sidney avait donc réussit à entrer contacte avec l'une de ses voitures qu'elle avait déjà aperçu auparavant. Voyant que celle-ci venait de lui ouvrir dans une tenu légèrement déconcertante, c'est à dire une serviette de bain enroulé autour de son corps, elle bafouilla quelques explications. Un peu étonnée, la voisine lui recommanda d'abord de se calmer un peu, ne voyant pas trop comment aider quelqu'un qui ne pouvait pas rentrer dans son appartement. Encore une fois, cela semblait bien trop farfelu d'un point de vu extérieur. « Bon, attends deux minutes, entre si tu veux, je vais m’habiller. » Ah! Elle acceptait donc de lui filer un coup de main, bonne nouvelle. La brunette hocha la tête, la laissant aller se vêtir. C'était une meilleure idée que de sortir presque nu dehors. Elle s'en voulait un peu de l'avoir embêté alors qu'elle prenait une douche. Silencieusement, elle guetta son retour tout en demeurant sur place. Elle pouvait sentir la chaleur de cet environnement intérieur lui donner envie. Au sec et au chaud. La chance. La voisine fit finalement son retour, attrapant un parapluie avant de sortir. « C'est une bonne idée oui » Inutile de lui dire qu'il tombait vraiment des chutes d'eau en ce moment. Inspirant profondément, Sidney se glissa doucement sous un coin de parapluie pour tenter de s'y abriter un peu. Sans un mot, elle planta son regard sur celui de sa voisine qui examinait de loin le problème. Voyait-elle quelque chose? Elle n'était pas folle, non? Celle-ci eut soudainement le réflexe de s'emparer d'une batte de baseball. Ouh la, on ne plaisantait pas avec elle! Un peu surprise, elle prit en charge le parapluie, tout en l'observant s'adresser à l'ombre ou la chose en question. Le message était bien clair. Elle lui avait clairement dit de dégager, sur ton sérieux en plus de ça. « Tu crois qu'il a compris? » Bonne question. Elle leva les yeux vers l'ombre, voyant qu'elle semblait bouger. Hum. C'était quelqu'un alors? Il partait? « ...il veut partir, ça bouge tu as vue ça? » Qu'elle chuchota proche de l'oreille de la jeune femme, comme pour éviter que quelqu'un d'autre puisse l'entendre. L'ombre fit un mouvement, avant de finalement retourner au point de départ, c'est à dire devant sa porte. Bha merde! « Non, mais c'est une blague oui! Qu'est-ce qu'il me veut celui la! » Il faisait exprès pour la faire chier, voilà tout. Une minute il s'éloignait un peu et la suivante il retournait à son poste. C'était à ne rien comprendre! Doucement, elle glissa une main dans la poche de son manteau, cherchant son porte clé. Ses doigts s'emparèrent de l'objet qu'elle examina rapidement pour trouver le petit sifflet mauve qui était toujours accroché dessus. Bingo. Son père lui avait offert ça en cas de danger lorsqu'elle se baladait seule le soir. Certes, elle n'était pas sur le point de se faire violer ou agressée, mais elle pouvait bien tenter de le faire fuir non? « Attention à tes oreilles » Sidney porta le sifflet à sa bouche, avant de souffler dedans de toutes ses forces. Le son strident lui boucha pratiquement les oreilles au passage, mais il eut pour effet de faire bouger l'ombre. Celle-ci s'éloigna enfin dans la direction opposé. « ...il est parti? Ça y est? » Est-ce qu'elle avait eu le résultat souhaité? Apparemment que oui, elle ne voyait plus la chose en question. Uniquement sa pauvre porte d'appartement, finalement libéré. D'un geste, elle tourna la tête en direction de la voisine. « Est-ce que tu crois qu'il va revenir? » Oui du genre, est-ce qu'on allait l'attaquer dès qu'elle approcherait de la porte? Ou même une fois à l'intérieur? Qui sait.